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Du 29 novembre au 5 décembre 2004 |
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De Calzada Del Coto à Villafranca del Bierzo (Espagne)
Et c'est reparti sur les chapeaux de roue... Déjà dimanche soir, puis plusieurs fois durant la nuit, excités comme rarement, les chevaux se sont mis à galoper dans tous les sens dans leur parc. Entraînés par Eliott, mis au repos depuis quelques jours pour sa blessure au dos et qui déborde d'entrain, ils démontrent leur empressement à reprendre la route au plus vite. Tout comme leurs cavaliers, ils trouvent les journées de repos trop longues...
Le départ matinal de Calzada del Coto sous un froid soleil nous réjouit tous et nous emmmène directement sur des pistes" africaines" : longues lignes droites, terrain plat, bosquets de taille basse, enchevêtrements de pistes de terre rouge (il nous faut faire des efforts pour nous imaginer en Espagne). La monotonie du trajet nous incite à avancer au plus vite.
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Nous avons traversé un seul village sans grand intérêt en six heures de selle et c'est ravis que nous arrivons à Mansilla de las Mulas, curieuse petite ville aux clochers d'église squattés par les nids de cigogne et aux remparts médiévaux croulants en galets.
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Mardi, dernier jour de novembre, c'est la traversée de Leon. Journée sans grand intérêt pour nous puisque, à cheval, l'approche d'une grande ville avec sa zone industrielle en périphérie ne présente que des risques pour peu d'agrément, transfert des chevaux en van, puis, même topo pour la sortie de ville, traversée de plusieurs villages par la route principale chargée de trafic. Heureusement pour nous, l'accueil local à l'étape de Villadongas del Paramo est chaleureux et la petite église qui fait la fierté du village recèle des trésors en son choeur.
Mercredi matin, une pluis fine nous réveille. Décembre nous prépare son baptême. Nous allons vivre notre pire journée de pluie depuis Düsseldorf : une pluie battante, incessante, glaciale, accompagnée d'un vent de plaine infiltrant tous les pores de notre peau malgré les couches isolantes dont nous sommes pourvus. Pas d'arrêt possible pour manger. Pas d'arrêt pensable pour manger. Une seule chose compte : arriver au camion au plus vite pour en finir avec ce déluge infernal le long de la N120. Et, comme par miracle, pour les chevaux, nous avons trouvé, pour la première fois depuis notre départ et sans le chercher spécialement, un abri couvert où ils pourront sécher et récupérer de leurs efforts. Le soir, Reina, notre cavalière espagnole à la bonne humeur sans frontières, nous rejoint pour la dernière ligne droite (pour rappel, elle nous avait quitté, à regrets, le 22 octobre).
Jeudi 2 décembre, la petite pluie du matin ne nous effraie pas. Ca ne peut être pire que la veille, nos habits sont secs et les chevaux prêts pour de nouvelles aventures. Après quatre kilomètres, nous arrivons déjà à Astorga, où, splendeur insolite, trône le Palacio épiscopal signé Gaudi, l'extravaguant et génial architecte du début du XXème siècle. Dès la sortie d'Astorga, nous quittons enfin la tonitruante et omniprésente N120. La délivrance enfin ! Nous retrouvons le calme pour la lente mais régulière montée en altitude vers Rabanal del Camino (1150 m). Le paysage change, le relief s'accentue et les murets de pierre nous donnent un petit air "d'Aubrac" balayé par le vent du Nord. Et, ils nous apparaissent soudain, au détour d'un virage glissant : les sommets enneigés de la Sierra de Monte Irago. Les voitures qui en redescendent et le chasse-neige que nous croisons nous rappellent que Santiago, si proche désormais, nous réserve encore quelques surprises. Pour prévenir tout risque, Jean-Claude, après avoir referré les postérieurs d'Eliott (ça l'a bien réchauffé,"allumé" comme il l'a été par Eliott), part en reconnaissance 4x4 pour évaluer la situation au sommet du col à 1500 m.
Vendredi 3 décembre, c'est sur notre 80ème journée de raid que le rideau rouge s'ouvre. Chaque jour nous réserve une surprise et, aujourd'hui, alors que chacun très concentré sur l'importance de l'étape de montagne se prépare consciencieusement, Kézako traîne, visiblement pas à son aise. Que se passe-t-il ? Coup de froid ? Fatigue ? Intoxication alimentaire? Sa température est normale. Après lui avoir administré quelques médications antispamodique et anti-inflammatoire, il semble enfin se réveiller, il peut partir. Pierrot, amoureux de la montagne et de la neige nous accompagne pour cette grandiose randonnée. Le terrain monte, lentement, longtemps, jusqu'à Foncebadon, village en ruines abandonné sous sa couche de neige. La couche de neige augmente et colle aux pieds des chevaux, jusqu'à former des blocs qui se détachent brusquement, les faisant trébucher régulièrement jusqu'à La Cruz de Ferro, endroit mythique du Camino où les pèlerins déposent une pierre de leur pays au pied de la croix de fer. Le Mont Irago franchi, nous abordons la descente vers Manjarin où le refuge tenu par un illuminé sympa est le seul endroit encore vivant du hameau lui aussi tout en ruines. La descente de 13 km vers Molinaseca commence et Kézako ne va pas bien du tout. Il présente une diarhée inquiétante, il transpire beaucoup, n'arrive pas à uriner et nous décidons de l'arrêter. Appel est fait à l'assistance pour venir le récupérer. Le chemin de descente, tortueux et vicieux, rocheux et caillouteux, nous amène à Molinaseca où le Camino-buisness est roi. Les euros-pèlerins sont rois. Heureusement, nous avons maintenant notre reine et Reina va trouver les mots qu'il faut pour nous trouver l'hébergement adéquat.
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Samedi se lève sur un nouveau rayon de soleil avec le retour de Miguel (qui nous avait quitté le 30 septembre) et son épouse Maïté. Conclusion : ceux qui ont goûté du "Camino made in Aveyron" en redemandent. A peine débarqué après 18h de train, Miguel monte Horace à travers Ponferrada, cité dont les remparts médiévaux sont spectaculairement bien conservés, pour une journée ensoleillée de 35km et qui se termine à Villafranca del Bierzo. Les nids de cigogne envahissent clochers, pylones électriques et la vigne reprend possession du terrain en Bierzo. On tue le cochon dans la rue, en famille, entre amis et c'est l'occasion de faire la fête. On sent vivre ce pays et l'accueil du pèlerin est une tradition séculaire. Ici, on se sent bien autour d'un plat de "fideua" préparé avec amour par notre équipe espagnole au grand complet. Kézako va mieux et sera probablement remis sur pied très bientôt. Que des bonnes nouvelles avant d'entamer, mauvaise nouvelle, la dernière semaine avant Saint-Jacques de Compostelle.
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Grosses bises et rendez-vous à vous tous sur le parvis de la cathédrale de Santiago de Compostella samedi 11 décembre.
A+. Jean-Claude, Julie, Pierrot, Anita, Franck, Reina,
Maïté, Miguel,Georges et..."waf, waf !!!" Dédé.
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